Froidmont

Le hameau de Froidmont, primitivement blotti au creux de la vallée creusée par le ruisseau du Château, est dominé par la ferme qui porte son nom.

L’orthographe du nom évolua assez peu. Les documents anciens ne donnent en effet que Fromont, Froumont, Froimont et depuis un siècle, Froidmont. D’origine lointaine et née sans doute lors des essartages réalisés au XIIème siècle par les Sires de Limal, c’est en 1612 que l’on trouve pour la première fois mention de la ferme qui nous intéresse.

A l’époque, elle appartenait à la famille Gérard, anoblie par Philippe II en 1589. La ferme connut de nombreux propriétaires différents et fut entre les mains de la famille de Merode de 1715 à 1931.

La grange est datée de 1773. En 1895, un cyclone ravagea Froidmont. Le toit de la vieille ferme se trouvant près de la chapelle Saint Anne fut emporté de l’autre côté de la ligne de chemin de fer et la ferme de Froidmont eut elle-même de graves dégâts.

Le 24 décembre 1972, les familles Demeure et Dubost, ayant décidé de lotir les terres cultivées par les fermiers de Froidmont, firent donation de la ferme à la fabrique d’église de la nouvelle paroisse St-Étienne.

Naissance d’une paroisse
On en parlait depuis 1965, mais c’est le 17 octobre 1966 que la nouvelle éclata au Conseil paroissial de Ste-Croix : M. l’abbé Jacques Hemeleers, vicaire à Notre-Dame du Sacré-Cœur à Etterbeek, était nommé chapelain de la paroisse en création.

Grâce à l’amabilité de M. et Mme Delacroix, le chapelain put dire la messe dans un petit local, le « garage » de la rue Albert Ier. Tout aussitôt, deux autres endroits sont ouverts à la célébration eucharistique : le salon de M. et Mme Dechamps, av. de Merode et celui de M. et Mme Leloup, rue de l’Augette.

Le 7 octobre 1967, la nouvelle chapelle provisoire en bois av. Françoise est inaugurée solennellement par Mgr Lagasse, vicaire général.

Le chapelain, devenu entretemps curé à part entière, envisagea avec le bureau paroissial de créer un centre religieux à Froidmont, en association avec la communauté des Dominicains de la Sarte à Huy. Un architecte, M. Lucien Kroll, réalisa un projet pour transformer la grange en église, dont le budget fut approuvé par le Conseil Communal. Dans la foulée, le Conseil de la Fabrique d’église de St-Étienne fut créé le 19 novembre 1970. De 1971 à 1972, trois côtés de la ferme de Froidmont furent aménagés pour abriter une communauté chrétienne formée de religieux dominicains, de couples et du curé de la paroisse.

Présence dominicaine à Froidmont
« Les Dominicains s’installèrent à Froidmont en 1973, c’est-à-dire peu après le concile Vatican II qui prônait une plus grande ouverture aux fidèles. Cette période fut particulièrement propice au développement de nouveaux idéaux et parfois d’utopies. Ainsi, les Dominicains contactèrent les Dominicaines de Fichermont afin de leur proposer de collaborer à ce nouveau projet. Elles se montrent enthousiastes à l’idée d’y participer. À cela s’ajoutent des relations étroites avec un laïc présent à Froidmont, Jean-François Malherbe, qui propose d’associer les laïcs à cette aventure déjà hors du commun. C’est ainsi que naquit cette nouvelle communauté. Au départ, une douzaine de frères, deux sœurs, le curé de la paroisse, un laïc qui s’est rapidement marié. D’autres couples se joindront ensuite au projet, l’un des couples habitant dès le départ en dehors du bâtiment, mais à proximité immédiate.

(…) Les repas se prenaient ensemble, tout le monde participait aux offices, en fonction des disponibilités et des engagements professionnels et s’impliquait également au point de vue institutionnel. En effet, chaque semaine, toute la communauté se réunissait afin de discuter des questions pratiques et plus fondamentales touchant la communauté. (…)

Il s’agit donc d’un projet original mais inscrit dans l’esprit du temps qui vise à vivre la vie religieuse, de façon plus ouverte et à dépasser les clivages entre clercs et laïcs. C’est une approche innovante, utopiste et critique (et parfois critiquée) de la vie religieuse qui a duré 30 ans. » (Revue d’histoire du Brabant wallon. Religion, patrimoine, société, t. 32, 2018, fasc. 3, Présence dominicaine à Froidmont-Rixensart (1973-2009) – Rencontre avec le père Ignace Berten – Entretien réalisé par Juliette Pire, le 14 août 2018)

En 1978 furent inaugurés l’église paroissiale St-Étienne et plusieurs locaux de réunions.

« Vu le bâtiment dans lequel nous vivions, nous avons pu développer une hôtellerie et un centre d’accueil pour des retraites, par exemple. Une équipe d’Amnesty International a également vu le jour à Froidmont (la troisième en Belgique). Nous avons créé une bibliothèque en collaboration avec la commune. Elle existe toujours à la ferme de Froidmont.(…)

L’abbé Jacques Hemeleers a développé une pastorale particulièrement vivante en faisant largement confiance aux laïcs, jusqu’en 1985. L’abbé José Lhoir lui a succédé, poursuivant ce lien, mais de façon un peu moins soutenue. Lorsqu’il a pris sa retraite, en 1996, les frères ont décidé de prendre eux-mêmes en charge la paroisse, avec l’accord du diocèse.

Cette communauté (…) se dissout au début de l’année 2009.
Progressivement, les familles se rendent compte qu’il est difficile d’intégrer des enfants à ce projet de vie en commun. Plus ils grandissent, plus la vie au sein d’une communauté religieuse pose question. Les deux familles qui vivaient dans la ferme de Froidmont décident de déménager, à la fin des années 80, mais ne parviennent pas à trouver une maison dans les environs directs de la communauté. Une distance s’installe donc et affaiblit les liens communautaires. Bien qu’elles aient quitté la ferme, ces familles gardent les mêmes prérogatives au sein de la communauté et ont donc toujours voix au chapitre lors des conseils hebdomadaires. À cela s’ajoute, à partir de 1985, l’arrivée de nouveaux dominicains qui n’ont pas vécu l’aventure depuis le début et donc la cohabitation avec des laïcs. Ils sont surpris et très critiques quant à cette manière de fonctionner. Cette situation crée des tensions. Les Frères et Sœurs plaident pour une révision du « contrat » entre clercs et laïcs mais, de leur côté, les familles s’y opposent. Cela mène à l’éclatement de la communauté, en 1998. Il ne reste plus que les Dominicains et le prêtre. Seules deux sœurs vivent encore à Froidmont, mais elles seront toutes deux appelées à endosser de nouvelles responsabilités au sein de l’ordre et devront quitter la ferme. Viennent s’ajouter des soucis d’ordre matériel, puisque l’hôtellerie ne répondait plus aux normes des pompiers, ce qui impliquait de gros travaux de mise aux normes. Les jeunes frères entrés récemment dans la communauté ne souhaitaient pas s’investir dans ce projet. Ils ne manifestaient que
peu d’intérêt pour les activités du centre d’accueil. Dans le même temps, deux demandes furent adressées aux Dominicains : celle de l’évêque de Liège qui invitait les frères à s’établir dans la cité ardente afin d’y pratiquer leur travail de prédication et celle de laïcs de Louvain-la-Neuve qui appelaient les Dominicains à y créer une communauté ouverte sur la vie étudiante et les familles néo-louvanistes. C’est ainsi qu’en 2009, les derniers Dominicains quittèrent la ferme de Froidmont. (Revue d’histoire du Brabant wallon. Religion, patrimoine, société, t. 32, 2018, fasc. 3, Présence dominicaine à Froidmont-Rixensart (1973-2009) – Rencontre avec le père Ignace Berten – Entretien réalisé par Juliette Pire, le 14 août 2018)

Brabant wallon (BE)